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Critique

 

Fugitives (Alice Munro)

note: 3Des vies et des secrets, avec finesse Jeanne - 27 février 2014

Huit nouvelles qui racontent des vies de femmes qui tentent de prendre leur vie en main, qui croient pouvoir le faire, mais qui souvent laissent passer l’occasion et sont rattrapées par le quotidien. Elles ne sont pas prêtes à assumer le risque de l’inconnu, elles ne vont pas au bout de leur tentative. Elles capitulent, et elles reprennent le cours d’une vie qui s’écoule lentement, comme Carla et Robin, ou bien leurs propres filles renient leur émancipation, comme celle de Juliet. Delphine, elle, s’est fait une vie sans attaches, d’un boulot sans intérêt à un autre, pour poursuivre le fantôme de sa fille.
Je n’aime pas beaucoup le genre de la nouvelle habituellement, parce que je le trouve souvent frustrant : sa brièveté me semble incompatible avec la profondeur psychologique, et m’empêche de connaître suffisamment les personnages pour m’en sentir proche et comprendre leur histoire.
Ce n’est pas le cas ici. Alice Munro est une virtuose de la nouvelle. Elle sait saisir un moment clé de la vie de ces femmes, les présenter avec leurs blessures, leurs faiblesses, et en quelques pages nouer des intrigues, livrer des secrets, faire rebondir le récit. Mais je reste un peu sur ma faim quand les histoires se terminent. L’auteur montre les méfaits du temps, ou de la peur, ou de la timidité, puis s’efface en quelque sorte, laissant le lecteur un peu trop seul à mon goût.